Une forte ambiance de déballage de «linge sale» corse, certes, la compétition, mais qui prolonge le climat de bataille rangée dont les citoyens sont dégoûtés. Alors qu’on les appelle à trancher les débats par leur vote souverain
La tenue de la présidentielle avant les législatives, qui avait été, en vain, en 2014, un cheval de bataille de feu Béji Caïd Essebsi, va donner l’occasion historique de faire vivre aux Tunisiens une situation spéciale, suite au décès du chef de l’Etat, où le choix du président se fera en premier. Car l’expérience internationale a montré que ce choix va, en principe, conduire les électeurs à confirmer la majorité acquise par le président élu. Même si, dans notre cas, en pénétrant dans l’isoloir, l’électeur ne saura pas qui, au juste, sera à la tête de l’Etat, mais seulement les deux candidats passés au second tour du scrutin présidentiel. Ce scénario probable est déjà en train de tarauder l’esprit des leaderships partisans, notamment ceux des partis dits centristes. Ces partis ont, en effet, en commun une base issue des électeurs nidaïstes de 2014. Soit un million sept cent mille à la présidentielle, qui s’étaient portés sur le nom de BCE.
Cet électorat va devoir se répartir, lors des législatives, sur tous les partis issus de Nida Tounès, dont bien sûr le Nida Tounès originel que contrôle HCE. Mais personne ne peut prévoir lequel de ces partis aura la partie belle entre Nida, Machroû, Tahya Tounès, Amel Tounès ou encore Bani Watani. D’où la bataille rangée qui se prépare déjà. Les propos sont forts mais rendent compte de l’animosité qui s’est installée entre les protagonistes des prochaines élections, aussi bien présidentielle que législatives. Notamment les «centristes». Autre manifestation de cette bataille fratricide, les propos rapportés par Abdelkrim Zbidi quant à ce qu’il appelle le «jeudi noir». De même, les critiques formulées par Mohsen Marzouk à l’encontre de Youssef Chahed. Bref, une forte ambiance de déballage de «linge sale» qui, certes, corse la compétition mais qui prolonge le climat de bataille rangée dont les citoyens sont dégoûtés. Alors qu’on les appelle à trancher les débats de par leur vote souverain. Maintenant, il est plus constructif de booster le débat entre les programmes, que l’on ne voit pas vraiment, et rationaliser le choix du futur président. Car ce dernier aura la tâche délicate de rassembler autour de lui, une fois élu, l’essentiel des «touristes politiques» centristes. A moins que l’élu à Carthage ne soit un autre des nombreux candidats.